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Magazine Les Nouvelles

· DOSSIER

La mer emploie plus de 15 000 personnes

Construction navale, pêche ou nautisme : l’économie maritime est pourvoyeuse de nombreux métiers sur le territoire. Les Nouvelles vous en présentent quelques-uns.

Avec plus de 15 % des emplois sur le territoire, de grandes entreprises comme Naval Group (constructions de frégates militaires), Cité Marine (plats cuisinés) ou Capitaine Houat (filetage de poissons) et des filières structurantes comme la pêche ou la construction navale, le secteur maritime est un poids lourd de l’économie du Pays de Lorient. La liste des sites portuaires qui abritent une activité économique donne à elle seule la mesure de l’importance de la mer dans la richesse locale. L’Agence d’urbanisme, de développement économique et Technopole du Pays de Lorient (Audélor) en recense treize dont certains abritent de grosses infrastructures comme le port de commerce (le 2e de Bretagne), l’aire de réparation navale (plus de 200 bateaux réparés chaque année), les ports de plaisance (plus de 2 000 places) ou encore la base des fusiliers-marins et commandos.

Des innovations récentes

C’est un secteur pour lequel une stratégie portuaire a été mise en place avec pour objectif, notamment, d’adapter les infrastructures aux trafics et fonctionnalités du port de demain et de promouvoir les métiers et les formations du maritime. C’est aussi un secteur qui innove et se renouvelle. Le développement du pôle course au large en est une illustration probante et connue internationalement. Le nombre d’emplois de ce pôle a été multiplié par trois en dix ans (2013-2023) et une cinquantaine d’entreprises liées à la course au large sont installées sur le territoire. Autre exemple : la filière composite. Issues de la course au large, les innovations dont elle s’est emparée sont désormais appliquées aux cargos équipés de voile et c’est à Lanester qu’a été construite l’usine qui fabrique des mâts dotés de voiles en composite destinés aux navires de commerce et de croisière.

EN CHIFFRES*

  • Marine nationale : 3 900 emplois
  • Pêche et produits de la mer : 3 750 emplois
  • Construction et réparation navale : 3 330 emplois
  • Tourisme littoral : 1 680 emplois
  • Nautisme : 1 420 emplois

* Données 2019 en cours de mise à jour


Chantier naval

Audrey Pouliquen, cheffe de groupe foil

J’ai suivi un bac professionnel plastique et composite au lycée Jean-Macé à Lanester. J’ai vu le bâtiment CDK se construire sur l’anneau de Keroman. Aujourd’hui, j’y travaille. J’encadre cinq personnes. Je suis spécialisée dans la fabrication de foils, ces ailerons qui permettent aux plus gros voiliers de voler sur l’eau. Il faut plus de 600 couches de carbone pour réaliser ce type de pièce – on appelle cette opération draper, et il faut compacter entre chaque couche. Fabriquer un foil peut prendre plusieurs mois. Au départ, on m’a tout de suite dit : c’est un métier d’homme. C’est vrai que c’est assez physique. Mais je vois de plus en plus de femmes arriver comme stagiaires dans l’entreprise. Et, malgré la difficulté du métier, on est très fiers de voir les bateaux du Vendée Globe naviguer avec un foil sur lequel on a travaillé.


Technologie

Gwennig Boudeau, ingénieur en systèmes embarqués

Formé à l’Université Bretagne Sud, salarié chez RTsys (Caudan), un spécialiste des systèmes embarqués dédiés au monde marin, Gwennig Boudeau a été recruté comme  ingénieur en systèmes embarqués/systèmes intégrés. Aujourd’hui, il est en charge d’un programme basé sur une technologie baptisée passive acoustic monitoring (PAM), qui permet de détecter depuis la terre des sons en pleine mer.

J’ai eu la chance de suivre l’installation complète de bouées équipées de cette technologie pour un client américain qui travaille sur un chantier d’éoliennes off-shore. Ces bouées permettent d’enregistrer et d’interpréter le son produit par des mammifères marins, par exemple des baleines, afin d’évaluer la nuisance de ce type de chantier sur la faune marine. Lorsqu’on travaille sur le développement informatique d’un système embarqué, on est limité par l’énergie disponible, notamment pour le stockage de données. C’est un travail très spécifique par rapport à un développeur pour PC.


Port de pêche

Nicolas Guerrier, maître de port

Au port de pêche, les bateaux arrivent la plupart du temps en deux vagues, de 13 h 30 à 18 h et ensuite de 21 h 30 à 3 heures du matin. Le maître de port doit anticiper leur emplacement, être présent pour leur amarrage et prévoir le matériel ou les services que les pêcheurs ont demandés, comme l’eau, l’électricité, les caisses de poisson ou une grue pour décharger. Nous sommes aussi amenés à décharger les camions qui vendent leur poisson à la criée de Lorient. Nous sommes six et il y a un roulement 24 h/24, 7 j/7 toute l’année, sans exception. Il n’est pas rare de travailler le weekend, de nuit ou les jours fériés. C’est un métier exigeant, mais dans un cadre magnifique. Il y a aussi un vrai partage sur leur travail avec les pêcheurs.


Pêche

Jean-Pierre Le Nozaih, opérateur de vente à la criée

Je suis sur le port de pêche tous les matins à partir de 3 h 30 pour préparer la vente à la criée. Je vérifie que les poissons soient bien triés, par espèce, par taille et par qualité. Il en arrive 50 tonnes par jour en moyenne. Après, je fixe les prix en fonction du marché de la veille et des prévisions météo. Si on sait qu’il y aura du mauvais temps, donc moins de poissons pêchés les jours suivants, les prix sont plus élevés. C’est un principe d’enchères montantes-descendantes. Si le poisson ne trouve pas preneur au prix fixé, ce prix baisse. Dès qu’un acheteur s’est placé, on repart à la hausse à partir de ce prix. La criée de Lorient est connue pour sa capacité à valoriser les produits de la pêche et ça attire de nombreux professionnels. Bien sûr, les horaires sont décalés. Mais je fais ma journée d’un seul trait jusqu’à 11 h 30. Je ne reviendrais pas à une journée coupée en deux.


Nautisme

Paola Cohic, éducatrice sportive de voile

Je fais de la voile sur le territoire depuis que j’ai dix ans. Je suis passée par le Centre Nautique de Lorient et j’ai obtenu mon Brevet d’État au centre nautique de Kerguélen avec la Sellor. Monitrice de voile, c’est un métier passionnant car on donne du plaisir aux autres. Je travaille ici depuis six ans et c’est très varié car il y a plusieurs bases nautiques, à Larmor-Plage, Guidel, Port-Louis…. J’ai même été chef d’équipe à Groix durant deux saisons. J’ai aussi évolué vers des pratiques innovantes comme le catamaran à foil ou le wingfoil qui sont des sports où on a la sensation de voler avec plus de glisse donc on va plus vite. Je travaille en saison de mars à octobre, c’est parfois très intense et avec des journées de 10/12 heures, et, lorsque j’accueille des enfants, ça demande de l’attention, de la pédagogie et de la rigueur. Avec l’expérience, je pourrai sans doute être un jour gestionnaire de base ou responsable d’un plan d’eau. Il faut se former, mais ce n’est pas un problème pour moi.


Construction

Mathieu Lamotte, architecte naval

Je travaille depuis plus de 20 ans chez Ship-ST à Lorient en tant qu’architecte naval. Aujourd’hui, notre activité s’oriente clairement vers la décarbonation du secteur maritime et fluvial. Nous avons travaillé l’année dernière sur l’électrification de bateaux qui ont participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Actuellement, nous menons les études d’un paquebot « bas carbone », équipé de voiles rigides intégrant des panneaux solaires. Par ailleurs, nous travaillons sur un projet local : le rétrofit de l’Ar Vag Tredan, le bateau-bus électrique de Lorient Agglomération. Les modifications concernent principalement l’intégration d’un nouveau système de batteries et l’aménagement de l’espace pour accueillir davantage de vélos. C’est un métier passionnant, qui mobilise de nombreuses compétences techniques. Le travail en équipe est donc fondamental. Pour ma part, je suis spécialisé dans les études de développement de projet, avec une attention particulière portée aux contraintes réglementaires. Selon les projets, nous intervenons soit pour des armateurs, soit pour des chantiers navals.


Industrie

Un mât géant en composite

D’ici la fin de l’année, sortira d’une nouvelle usine implantée sur la zone du Rohu, à Lanester, un mât géant de 70 mètres de haut et 2,50 mètres de diamètre, soit plus du double d’un mât d’un voilier de course au large. Cette structure géante préfigure la transition énergétique des cargos et des paquebots, dont certains seront bientôt équipés de voiles de plus de 1 000 m² afin de profiter de l’énergie du vent pour naviguer. Si les compétences pour fabriquer un mât existent sur le territoire, la commande des Chantiers de l’Atlantique (Saint-Nazaire) est un défi qu’un consortium d’entreprises a accepté de relever et pour lequel la SMAF, la société créée pour l’occasion, recrute peu à peu 35 personnes.

Dans la course au large, l’innovation est plutôt du côté de l’architecte. Après, le travail dans le chantier naval reste le même, que ce soit une coque de voilier de course ou de plaisance. Dans notre usine, toute la mise au point du processus de fabrication, l’intégration des robots se fait sur place. Les salariés y sont sensibles,

souligne le directeur de l’entreprise Nicolas Abiven.

C’est l’un des arguments avancés par la SMAF dans sa stratégie de recrutement afin d’attirer des opérateurs robots ou des opérateurs composites. Elle met aussi en avant « son usine du 21e siècle », la force des Chantiers de l’Atlantique, le commanditaire, et l’investissement de grands groupes comme Accor ou LVMH dans la construction de paquebots de croisière à voile.

Métiers

Former pour les éoliennes off-shore

Si le chantier du futur parc éolien off-shore, entre Groix et Belle-Île, ne démarrera que dans quatre ou cinq ans, le besoin de main d’oeuvre doit déjà être anticipée.

Nous allons cibler les métiers qui sont nécessaires à un tel chantier et travailler avec des structures locales afin qu’elles mettent en place des formations,

explique Vincent Deshoux, chargé des relations locales chez Pennavel, la société chargée la mise en oeuvre du parc, basée à Lorient.

Sur le Pays de Lorient, de nombreux organismes sont capables de mettre en place ces formations dans les secteurs de l’industrie, de la sécurité, de la navigation, comme par exemple, le Centre européen de formation maritime continue, le CFA, l’AFPA ou encore le pôle formation de l’UIMM.

Nous avons déjà initié des actions de promotion des métiers auprès des jeunes et des publics en insertion lors d’événements, comme lors du salon PRO&MER, afin de sensibiliser et orienter ces publics vers la filière EMR.


EN SAVOIR PLUS SUR LES MÉTIERS DE LA MER

www.bpn.bzh
Bretagne pôle naval recense près de 100 métiers dans les domaines de la production, de l’ingénierie, de la logistique ou dans les fonctions supports. Le site permet aussi de consulter des offres d’emploi et de déposer son CV.

www.latouline.com
La Touline est une association ayant pour objet d’aider au choix des parcours professionnels et d’accompagner toute personne souhaitant s’orienter vers un emploi maritime.

 

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