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· SI MON PAYS M'ÉTAIT CONTÉ

Le temps des établissements de bains

Le tourisme balnéaire est le thème de la chronique estivale "Si mon Pays m'était conté..." par Lucien Gourong.

C’est l’été, le temps du beau temps où, entre Laïta et Ria, les caresses généreuses d’un Phébus marin nous offrent les effluves iodés, salés, revigorants. Celles qui, à l’origine du sanatorium et du préventorium de Kerpape créés pour soigner la tuberculose osseuse, ont contribué à la naissance du tourisme balnéaire sur notre vingtaine de plages profitant de l’arrivée du chemin de fer à Lorient, en 1862.

Le premier établissement breton de bains de mer

Les effets curatifs de l’eau de mer,connus depuis le Moyen Âge, amènent la pratique du bain en Angleterre dès la révolution industrielle au cours de laquelle nos côtes se couvrent d’établissements. Dans des cabines installées sur des charrettes tirées par des chevaux, les femmes se dévêtaient pour enfiler ces maillots de bain six pièces dont ma meumée Mariange disait qu’avec eux on ne voyait pas un centimètre carré de peau. Tout le contraire d’aujourd’hui, disait-elle, où « y a pas un centimètre carré de tissu ». Si plusieurs sites en Bretagne se disputent le titre de première station balnéaire, à Port-Louis, l’existence d’un établissement de bains de mer à la fin du XVIIIe est révélée dans L’Abeille de Lorient du 12 juillet 1859. Un lecteur y rapporte qu’un vieux Port-Louisien lui a raconté avoir vu dans son enfance (vers 1775) les ruines d’un tel établissement « à la porte de Locmalo près d’un bastion où l’on s’embarque pour Gâvres ». Dans ce même journal, M. Galais prévient « le public qu’il vient d’apporter de notables améliorations à son établissement de bains de mer à Kerentrech dans lequel on pourra se baigner presque toutes les marées, trouver des salles d’attente et un buffet toujours bien approvisionné ».

Les établissements en bord de rade

Dans la même édition est aussi signalée l’ouverture des bains Goubet de La Perrière à Colin (Keroman) « avec toujours les mêmes soins et mêmes prévenances de la part du propriétaire et de ses employés ». Au mois de mai 1862, le sieur Goubet, gardien de phare à La Perrière, qui avait joint à son établissement les bains Meillour, informe que ses bains, que l’on peut prendre chauds, auront désormais un espace pour les dames, un autre à la disposition des hommes et enfin un 3e pour les bains mixtes ou de famille. Deux maîtres-nageurs seront attachés à l’établissement. C’est aussi à Keroman-La Perrière, où existent déjà des bains militaires et où sera édifié en 1907 un très sélect casino, qu’ont été fondés, en 1858, les Bains Bois par Jean Bois, originaire de Tourriers (Charente). Musicien au régiment d’artillerie de Marine, marié à la fille d’un gardien du port de Lorient.

Les plages à l’entrée de la rade

La mode balnéaire amène Les Chemins de fer d’Orléans à proposer d’aller à prix réduit du 1er mai au 31 octobre à Lorient d’où l’on rejoint les plages de Port-Louis et de Larmor, stations recommandées par le Guide régional vélocipédique des années 1900 de A. de Baroncelli. Port-Louis est déjà prisée depuis 1837 où, sous le patronage de la reine Marie-Amélie, a été inauguré un établissement de bains sur la plage devant la muraille que l’on a percée d’une porte pour accéder « aux bains des dames ». Un baigneur note qu’en 1845 « c’est le séjour du calme et de la paix (…), tout y respire la mer » alors qu’en 1848, un maître de bain y exerce, qu’Auguste Brizeux s’y baigne en 1856, que Pierre Loti découvre en 1868 une « grève animée par des baigneurs venus de Lorient » et où seront construites, en 1882, en même temps que le casino, des cabines pour hommes et femmes. En face de Port-Louis, Larmor, qui dispose déjà en 1864 selon l’Annuaire Didot de bains de mer dirigés par Mme Le Bert, bénéficie en 1879 des Établissements Moussion proposant « sur une plage sableuse, dans un pays de pêcheurs, à deux pas de Lorient, des cabines de bain bon marché, sans luxe, sans toilettes à 25 centimes (…), les malades, les vrais amateurs de la mer, ceux qui ne veulent pas de casino et de dépenses folles, doivent aller à Larmor. Ils y vivront d’économies et gagneront en santé ». L’édification d’un casino à Larmor avec terrasse et cabines en 1882 ouvrira une ère hôtelière florissante jusque dans les années trente où se crée un établissement, symbole de la naissance d’un nouveau tourisme balnéaire populaire : l’hôtel des Mouettes. A suivre dans les Nouvelles de septembre.

Lucien Gourong

 

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