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· SI MON PAYS M'ÉTAIT CONTÉ

Kerguillet, une laiterie centenaire

« Lucien Gourong, globe-conteur et écrivain, poursuit sa quête des petites et grandes histoires du Pays de Lorient. Intéressons-nous, grâce à son dernier article des Nouvelles, à la laiterie Kerguillet. Entrons dans l'histoire de cette institution, celle de ses dirigeants et de ses employés qui ont permis et font perdurer le succès de cette entreprise ».

Le Pays de Lorient, une terre fromagère

Si une allégation me hérisse le poil, c’est bien celle d’une Bretagne dont le climat n’aurait pas permis qu'elle devienne fromagère au contraire d’une Normandie du camembert, d’une Alsace du munster ou d’une Auvergne du saint-nectaire. Comme si ces régions étaient moins humides et pluvieuses que notre Armorique qui, grande productrice de sel et non soumise à la gabelle, n’avait nul besoin pour conserver sa production laitière de la transformer en fromage puisqu’elle pouvait saler à souhait et gratis ses beurres.

Notre vieille province n’a jamais manqué de produire du fromage dont le Pays de Lorient fut un fleuron comme le prouve la tyrosémiophilie, l'art de collectionner les étiquettes fromagères, recensant, entres autres, le camembert de Kermabon à Guidel (fin du XIXe siècle), le Vieux Breton d’Inguiniel, le Saint-Yves de Pont-Scorff, le Kerulvé de Ploemeur, le Pont-Cardinal, le camembert d’Arvor, le Campeur, ces trois derniers nés dans le giron de la Société laitière d’Arvor et de la laiterie de Kerguillet.

La première, créée en 1924 par trois ingénieurs agronomes suisses au village de Kerguillet en Keryado, site propice pour son abondance de sources, avait été acquise par un certain Jaggi, fromager à Paris qui la revendit en 1930 à Madame Lesage, associée à Monsieur Courtet. Ceux-ci possédaient aussi au même village depuis 1920 une laiterie-fromagerie que Madame Lesage vendit en viager en 1950 à Robert Colin de Pont-Aven, diplômé de l’École laitière de Surgères, qu’elle avait embauché à la laiterie après l’avoir rencontré durant la guerre dans la cité des peintres où elle s’était réfugiée. Robert Colin et son épouse Louise, fille de paysans de Querrien, vont de 1950 à 1982 insuffler par un labeur acharné un dynamisme incroyable à ce qui désormais est devenu la laiterie de Kerguillet avec ses produits "Le Bec fin".

Laiterie qu’ils laisseront aux mains de deux de leurs employés dont Madame Postic qui la dirigera jusqu’à sa vente à Monsieur. Maréchal en 1990. C’est ce dernier qui déménage l’entreprise à Plouay où elle est dirigée depuis 2011 par le couple Tessier.


Dans la pure tradition familiale

Aujourd’hui la presque centenaire maison est toujours familiale, artisanale, passée complétement au bio, avec une gamme de près de cent produits en vache, chèvre et brebis. Une entreprise unique en Bretagne, développée grâce à l’énergie de Daniel et Régine Tessier, entrepreneurs motivés et de tempérament, lui de Riec, elle de Pont-Scorff, ardents défenseurs de la dimension artisanale, qualitative, locale de l’entreprise.

C’est dans des ateliers rénovés, agrandis, modernisés qu’ils oeuvrent avec l’enthousiasme du bien faire et l’envie du faire bon. « C’est la qualité de la matière première qui nous importe, disent-ils, en adéquation avec le savoir-faire des 20 employés. »

Tous les matins, le camion de la laiterie collecte dans un proche environnement (Nostang, Languidic, Plouay, Landeleau, Priziac) les laits de vache, brebis, chèvre en vue de fabriquer des beurres splendides, une gamme de yaourts incomparables – ceux de chèvre et brebis sont pour mon palais une vraie tuerie - et des fromages remarquables aux noms qui fleurent bon notre terroir comme le Petit Lorientais ou le Plouay.

Autant de produits qui, avec laits et crèmes, sont vendus en direct dans les magasins de la laiterie aux halles de Lorient, à Hennebont et Quimper mais aussi aux rayons bios de grandes surfaces et dans les magasins bios. « J’adorais les yaourts et fromages de ma mère, confie Malou, la fille des époux Colin, mais je déguste avec le même bonheur ceux de laiterie de Kerguillet dont ma mère serait fière et heureuse aujourd’hui de constater qu’elle poursuit sa route dans le respect d’une tradition transmise. »

Un savoir-faire et un faire-valoir pas près de se perdre puisque Pauline, la fille de Daniel et Régine, et son compagnon Julien, ont décidé de quitter leurs emplois à Paris pour intégrer l’entreprise et vivre pleinement la belle histoire commencée à Keryado voici près de 100 ans et qu’ils vont poursuivre en entretenant la flamme de tous les artisans laitiers qui s’y sont succédé.

Joyeux anniversaire Madame La Laitière de Kerguillet pour vos cent ans qui seront sûrement joyeusement fêtés par la famille Tessier, les employés et tous les gourmets de mon genre qui pensent qu’on ne peut se faire de mal en dégustant vos si bonnes choses.

 

Retrouvez la laiterie Kerguillet sur son compte facebook

 

 

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