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· TÉMOINS

AMAP : panier gagnant

Fruits, légumes, pain, fromage, œufs, miel ou viande : les Amap évoluent avec une offre plus diversifiée et plus souple, mais toujours en garantissant des produits locaux, de qualité et de saison. Une proposition gagnante pour les adhérents comme pour les producteurs. Reportage.

On y accède en longeant le Blavet ou en serpentant par les ruelles fleuries et étroites du quartier  : l’Amap d’Hennebont s’est trouvé un local privilégié sur les bords du fleuve canalisé, près du quai Saint-Caradec. Depuis la terrasse de la Maison de quartier qui accueille la distribution hebdomadaire, on s’offre une vue imprenable sur l’eau, les fortifications, les terrasses des cafés et les bateaux qui naviguent paresseusement.

Une ambiance estivale et ensoleillée où les parfums de basilic accompagnent les couleurs des tomates anciennes, evergreen et  noire de Crimée, les gros pains ronds et blonds, les fromages de chèvre frais. Ici, tout le monde se connaît, se salue, se fait la bise. Chaque jeudi à partir de 18h c’est le même scénario : l’été, on sort les tables pour y installer les cagettes de légumes, les œufs frais, les fromages, le pain, la volaille, les yaourts... Des produits locaux vendus par les producteurs aux adhérents de l’Amap d’Hennebont.

Les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) sont nées dans les années 2000 en France. Elles se fondent sur un contrat qui lie les adhérents (les amapiens) et les producteurs : les consommateurs paient à l’avance la totalité de leur consommation, sur une durée définie et à un prix équitable pour les deux parties. Ce contrat, qui sous-entend un lien de confiance et de responsabilité, participe aux circuits courts de distribution.

À Hennebont, l’Amap a  vu le jour en 2009, à partir d’un collectif d’habitants qui a eu « envie de s’y mettre sur des valeurs durables,  de solidarité et citoyennes », précise Jean-Luc Henry,  président de l'association. Celle-ci compte plus de 50  adhérents qui s’engagent pour des durées variables  de 3 à 6 mois selon les produits. « On propose un système de panier pour le maraîchage et plus à la carte pour les autres produits comme le pain, le fromage, la viande, et même des huîtres.  »

Un contrat de confiance entre producteurs et adhérents
Car si les Amap ont débuté avec des lots de produits choisis et imposés par les producteurs, les usages  ont évolué pour mieux répondre aux attentes des  adhérents. Elles contribuent aussi à l’intérêt général du territoire en participant au projet alimentaire territorial du Pays de Lorient, qui vise l’éducation alimentaire et l’augmentation de l’approvisionnement  des habitants en produits locaux justement rémunérés.

« C’est en train de changer, le fonctionnement est plus souple : les amapiens réservent leurs produits par Internet, ils font leurs choix pour  la période d’abonnement. » Ainsi, les fromages de chèvre : « Pour 10 euros, on choisit 3 fromages parmi tous ceux de la gamme, chèvres frais, crottins, lingots, tommes... Et la livraison a lieu tous les 15 jours », précise Nathalie Noé, productrice à Languidic. « Plutôt que d’avoir toujours la même chose à chaque livraison, ou de devoir prendre un produit qu’on aime moins, on a la liberté de choisir et de varier », complète Jean-Luc Henry. Pour les légumes, la productrice garde la main sur ce qui compose le panier, car elle suit les saisons et les récoltes. « Mais il existe un panier d’échanges : si on n’aime pas la betterave, on peut l’échanger avec un autre légume du panier. Et je transmets la composition du panier la veille du marché, pour ceux qui voudraient compléter. »

Une relation durable et profitable
Ce jour-là, deux amapiennes aident à la distribution des légumes : tomates, courgettes rondes et  longues, pommes de terre, concombres, salades, radis et échalotes dans les paniers de la semaine. Les enfants courent autour de leurs mères, aident à peser les légumes et à rendre la monnaie.Tandis que Linda, productrice de produits laitiers, brûle ses crèmes au chalumeau, Valérie, adhérente depuis 2010, vient récupérer sa commande de pain, fromage  et légumes. «  Ce qui me plaît, c’est de faire travailler des  producteurs locaux, mais surtout les liens humains. On  s’attache aux producteurs ! » Fidèle de l’Amap, Valérie a tout de suite été convaincue par «  la qualité et le goût des produits. Et puis, on limite le gaspillage : les producteurs savent à l’avance quelles quantités produire. »  Entre deux salutations, elle rapporte du café d’en face  un large plateau chargé de boissons fraîches desti- nées aux producteurs. « Les adhérents sont contents et  plutôt fidèles, se félicite Jean-Luc Henry. Ils participent à tour de rôle à la distribution, viennent donner un coup  de main dans les exploitations pour désherber ou arra- cher les carottes. »

Ce qui a changé en presque 10 ans d’Amap ? « Surtout  le comportement des adhérents :on ressent un changement de mentalité dans la façon de consommer, les gens  se sentent plus concernés. On a beaucoup de familles, des couples avec de jeunes enfants qui ont le souci de ce qu’ils mangent... Et les enfants s’y connaissent : ils peuvent citer chaque type de courge... C’est gagné pour les générations futures ! »

 

Les témoins :

« J’avais envie de revenir à la terre »
Marion Ghelamia,  maraîchère,  GAEC de la Terre et des hommes, distribuée sur les Amap d’Hennebont, Larmor-Plage, Lanester et  Lorient Brizeux

Marion décharge avec entrain les cagettes remplies de légumes  de son camion. Elle connaît chaque adhérent, chaque panier commandé, chaque préférence de ses clients. Marion est  maraîchère depuis quatre ans, par « envie de revenir à la terre après  six ans dans la restauration ». Elle s’est installée dans sa nouvelle vie et dans le rythme des quatre Amap auxquelles elle participe. « Le principe est parfait : ça donne une visibilité sur six mois pour la culture. On  vend avant d’avoir semé  ! Il n’y a pas de gaspillage et, en cas d’excédent, on vend à la Biocoop... » Les Amap et leurs 170 paniers représentent plus de 80 % de son chiffre d’affaires. « Au lieu d’être sur les marchés pendant six heures, on donne une heure trente de notre temps à chaque  distribution. Et j’adore ces moments, les gens nous aident pour les dis- tributions et parfois pour du désherbage ou la récolte des patates. Après, on fait un grand pique-nique tous ensemble. »
www.facebook.com/delaterrettdeshommes

« Le pain est le produit de base de notre alimentation »
Amélie Pekle et son mari Julian, paysans boulangers bio, exploitation La Ferme de la  Roche Bleue, distribution Amap de La Source (Lorient, Bois du Château)

« On cultive nos céréales sur notre ferme, on fait notre farine que  l’on transforme en pain , explique la jeune femme de 35 ans, ancienne graphiste.  On avait envie de donner davantage de sens  à nos métiers et de nous rapprocher de la terre. » Sur son étal, des pains  de seigle, des boules dorées, des fougasses aux olives, des tartes  au sucre... « Le pain, c’est le produit de base, trop souvent maltraité...  Pourtant, avec de l’eau et de la farine, on peut faire des choses très dif - férentes  ! » Amélie préfère la levure fraîche, « très vivante mais plus  difficile à travailler, qui donne un pain plus nutritif au goût prononcé, plein d’énergie ». Les deux jeunes artisans sélectionnent un blé avec moins de gluten et plus de goût, pour un pain au levain «  bio et de qualité, pour  le prix d’une baguette tradition ». Pour Amélie, l’Amap c’est 20 à 30  paniers chaque semaine et zéro gaspillage. «  C’est une bonne façon de rapprocher consommateurs et producteurs, de prendre de nouvelles  habitudes alimentaires. »  www.lafermedelarochebleue.com

« C’est un changement de vie et un plaisir »
Marie-Lise Coëffic, adhérente Amap de la Source, Lorient Bois du Château
Marie-Lise est amapienne depuis la création de l’Amap il y a sept ans. « Je pensais déjà à comment me nourrir différemment, avec des producteurs locaux et de saison, des circuits courts. » C’est vrai qu’on trouve tout cela au marché hebdomadaire, «  mais on n’est pas toujours disponible, et la facilité, c’est vite le supermarché ! » Avec l’Amap, Marie-Lise vient chaque vendredi soir récupérer son panier de légumes, ses 6 œufs, son poulet, ses 6  yaourts et ses 3 fromages. « C’est souple : on peut reporter pendant les vacances, choisir certains produits. » Et pour compléter, elle va ponctuellement au marché bio, aux halles de Merville, à la boulangerie... Devenir amapien(ne), c’est aussi changer ses habitudes : « Je cuisine autrement, mes menus sont composés selon les paniers, avec  uniquement des produits de saison. Je découvre des légumes : fenouil,  panais, tomates anciennes. Et le goût est différent : on sent le soleil et  l’amour du maraîcher ou de la boulangère... »

« Quand on voit l’impact de notre consommation, on a envie d’agir »
Émilie Mahé, adhérente à l’Amap de Languidic, secrétaire de l’association, productrice de  savons naturel
À 35 ans, jeune maman, Émilie affirme son virage «  militant écologiste et zéro déchet ». Comme souvent, c’est la naissance  des enfants qui a fait réfléchir le couple à sa consommation,  son mode de vie. «  On a commencé par adhérer à l’Amap et à faire du compost. » Rapidement, la famille a souhaité aller plus loin :  Notre objectif maintenant est de ne plus aller en supermarché. On n’achète que du vrac, on est passé aux couches lavables, on fabrique nos produits  d’entretien... » Émilie est entrée au bureau de l’Amap il y a deux ans,  « pour multiplier l’offre de produits locaux et attirer plus d’adhérents ». Aujourd’hui, 35 amapiens viennent s’y approvisionner en produits frais selon des règles assez flexibles : « Très peu de paniers imposés et beau- coup de choix. » Émilie est même allée plus loin ; elle a abandonné son  métier d’assistante de direction pour se lancer dans la fabrication de savons naturels. « Une saponification à froid, des huiles végétales, des  huiles essentielles, des plantes et des argiles pour la couleur... » Savons qu’elle vendra aussi grâce à l’Amap de Languidic ! 

Les bonnes pratiques
On compte déjà une douzaine d’Amap ou d’associations similaires dans le Pays de  Lorient. En plus des légumes et des œufs ou des produits laitiers, on y trouve, selon  les Amap : de la viande (porc, bœuf, veau,  volailles), des huîtres, du miel, du cidre,  du jus de pommes, des fruits, des champignons, des glaces, des tisanes, du poisson... Tous les produits sont locaux et par- fois bio, issus d’une agriculture paysanne.


Pour trouver une Amap près de chez vous ou pour en savoir + :
www.amaps-pays-de-lorient.org

 

 

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